Trois pilotes Flandre Moto Verte y étaient : CHERPIN Pierre BMW HP2, #106 QUINART Emmanuel HONDA XR400, #119 STRUYS Jean-marie HONDA XR400.

Une semaine avant le départ , on conduit les 2 Honda a Crépy ( oise ) , la BM de pierre est déjà en place dans la semi-remorque qui va descendre par la route jusqu'au point de départ du raid a Agadir ( maroc ) , ils seront accompagne d'une autre semi-remorque pour les malles et l'assistance , du camion Mercedes 4x4 de nos amis gendarmes de Maubeuge et de quelques 4x4 de l'organisation.


- Le vendredi 22 envol de Orly pour Agadir , arrivés à l 'hôtel on récupère les clés des chambres , on fait les papiers administratifs , on reçoit les road-book ( RB ) , on revoie aussi quelques amis(Gaston , Jean , Jean-paul , Robert ...) mais pas trop le temps de discuter, il faut aller voir les motos parce qu’il nous reste un peu de taff dessus ( pneus, bib, câblage électriques ... ) et pour les finir numéros et autocollants orga. c'est déjà l'heure du briefing suivi du repas , puis dodo... Le raid commence ...

- 1er jour 290km ( AGADIR-AOREORA)

Une chose à bien se mettre en tête, le raid est une balade et il ne faut pas se mettre à terre en roulant à toc , mais il faut rouler à son rythme, après le départ de l’hôtel et quelques kilomètres de macadam on se rapproche de l’océan par de petits sentiers mi sable mi terre pour finir par 40 km sur la plage de sable blanc , on vire à gauche ( style grand goulet du touquet ) pour encore 3 km de sable blanc tres fin et on arrive au bivouac , celui-ci est un bivouac autonome , cette à dire que l'on transporte avec soit ses boissons et sa bouff; la tente et le couchage sont dans le camion 4x4 qui arrive ...

Et oui Jean marie, une superbe étape où on a longé l'océan en roulant en haut des falaises sur des dizaines de km à 30m au dessus de la mer comme au cap blanc nez, deja un grand moment... Et pour finir l'étape 40 km sur la plage style le Touquet mais bcp plus long... Très dangereux nous avez dit l'orga au briefing et bien sur deux motards se sont envolés à 120 km/h. Bilan : motos chiffonnées et clavicules cassées. Le vent se lève, on est au bord de la mer et la pluie arrive, mais la tente résiste et la nuit est bonne.(Manu)

- 2em jour 400km (AOREORA-SMARA)

Etape rapide , désert , pistes très rapides très larges et du cap en hors piste , où l'on rejoint la vallée et l' OUED DE CHEBLIKA et ensuite de nombreuses pistes parallèles pour arriver au bivouac de TAN TAN , on a décidé avec manu de rouler tous le raid ensemble au cas ou !!! ( un pépin, une chute, une erreur on est 2 ) ...

Je me souviens de cette montée pas super difficile quand on fait de l'enduro, mais elle était en grosse marches de caillasse et je me fais coincer par un autre concurrent contre une plus grosse qui m’arrête et me fait caler, impossible de remettre en route, je chauffe sous le casque et décide de redescendre en roue libre pour redémarrer au calme, bilan ça repart mais derrière tout le monde... on va manger un peu de poussière... Avant le CP1, 45 minutes pour faire le plein avec une seule pompe, je me fais engueuler par le contrôleur du CP pour le retard et je lui dis fermement que c'est pas de ma faute... Aller on se calme, le temps perdu ne se rattrape pas et en plus on est pas en course... On se concentre sur le road-book et le GPS et on roule régulier... Arrivée au bivouac en tente berbère, je préfère mon duvet, souvenir de l'an dernier, les puces ne s'attaqueront pas à mon dos cette année, demain réveil 4h pour départ 5h, c'est ça le raid.(Manu)

- 3em jour 520km (SMARA-ICHT)

La plus longue des étapes, on part alors qu'il fait encore noir ( merci pour l'éclairage ) pour une très longue liaison en macadam de 110 km, puis dans le fond d'un chott avec un sable dure et porteur et un roulage très rapide, on rejoint au cap et en hors piste une ancienne trace du Dakar, cailloux, sable, oueds profonds pour cette journée qui se termine de nuit, pas facile de trouver le bivouac, mais tout va bien pour nous et les deux XR 400 tournent comme des horloges et Pierre no problem...

Des portions super roulantes style lac salé où on est tenté de tourner la poignée, il y a pas de radar ici... mais il faut rester concentré et surtout aller au bout, les premiers abandons commencent. Petit souvenir du ravitaillement essence vers 13h mais rien à manger pour ceux qui n'ont rien dans le sac. L'expérience africaine m'a appris à toujours avoir une petite boite de conserve dans le sac et un bout de pain en plus de l'eau bien sur. Petit picnic improvisé à l'ombre du camion essence et c'est reparti sous le soleil, plus de 40° à l'ombre. La journée est longue mais ça roule bien, on garde le rythme. (Manu)

- 4em jour 300km (ICHT-GUE HALDGEPHE )

Pour débuter une piste rapide sur +- 50km dans une superbe vallée qui longe le JBEL BANI avec des palmiers et des très petites pistes cachées, bien suivre le RB parce que nombreuses traces et des pièges ( trou, cailloux, saignées profondes ) , piste qui nous emmènera à HALDGEPHE et à l'oued TISSINT pour terminer au bivouac ...

Une étape un peu plus courte mais quand même 300 bornes, des cailloux, des cailloux et encore des cailloux, c'est ça le Maroc. Parfois ça claque dans le sabot comme un coup de fusil... Très rigolo aussi les gars qui vous doublent comme des avions de chasses et qui s’arrêtent cinq km plus loin pour regarder leur gps et que vous redoublez en roulant régulier à 80 %. Principe de base aussi que j'applique, ne jamais suivre les autres, chacun pense que l'autre connait la route et on finit toujours par se perdre. Ce raid est vraiment une super école pour apprendre le rallye raid, d'ailleurs nombreux sont les pilotes qui viennent s'entrainer pour le Dakar. Et on arrive tranquillement en milieu d’après midi sur le bivouac au bord du gués, pas grand monde d'arriver, petit truc aussi, les tong dans le sac à dos, léger et pratique quand le camion d'assistance est pas encore là et qu'il fait super chaud dans les bottes. (Manu)

- 5ème jour 220km (HALDGEPHE-M'HAMID)

Une étape désertique avec piste large sablonneuse , mais très rapide , pierrailles et tôle ondulée ( attention aux suspensions , on se calme !! ), beaucoup de zone de sable très fin non porteur pour arriver au LAC IRIKI et là à fond de 5.. tête dans le guidon pendant des dizaines de km, puis l' oued DRAA, attention mou très mou et aussi rapide , on empreinte la piste des TAMARIS pour finir à l’entrée de M'HAMID et l’hôtel Azalay . superbe !!! ...

Ha !! oui le Lac IRIKI, un lac asséché de 30km... encore un grand moment de bonheur mais sous la croute c'est un peu mou. Et la petite pause au milieu du lac à l'auberge, thé à la menthe ou coca et ça repart !!! Ensuite on attaque les pistes sablonneuses avec des petites dunettes, que du bonheur, un peu le Touquet mais beaucoup plus chaud, 48° au CP. Passage dans un oued(rivière asséchée) de plus de 30 bornes complétement ensablé avec des dunettes de 3m dans du sable bien mou, on garde du gaz on cherche la trajectoire et on surfe les vagues de sable mou, un souvenir incroyable et inoubliable, du pur bonheur!!! Mais le vent se lève et après le CP on navigue au cap avec une visibilité de 2m maxi, on jardine un peu, voir beaucoup mais on retombe sur la bonne piste, le GPS ne doit pas tomber en panne sous peine de grand moment de solitude dans le désert... c'est ça l'école du rallye raid. On arrive enfin à l’hôtel avec un vrai lit et une bonne douche, les motos marchent toujours comme des horloges, les autres mécaniquent comme des fous avec leurs motos d'enduro modernes.(Manu)

- 6ème jour 350km ( M'HAMID-ZAGORA )

Départ par de petites pistes et grosse navigation dans la palmeraie, ouvrir grand les yeux pour ne pas se perdre , ensuite une très bonne grimpette pour passer le cratère ( petite montagne noir ) et le redescendre par des pistes parallèles larges et tres rapides , ensuite remontée pour le franchissement d'un col pour la passe de MAGHARCH , pour finir en navigation et petites dunettes jusqu’à ZAGORA et son hôtel REDA ...

Le vent s'est levé ce matin est nous accompagne toute la journée en soulevant la poussière comme un brouillard qui s'amuse à couvrir puis découvrir la piste au cap sur lac asséché. Certains tireront même tout droit dans le seul endroit où il y avait de l'eau, enlisés jusqu'au guidon... et ce n'était pas un mirage. Il faut rester concentré à tout moment, c'est super beau mais ça ne pardonne pas. La navigation au cap dans le brouillard au milieu du désert, quelle sensation quand on trouve la passe au milieu de nul part et que les traces sont quasi inexistantes, c'est bon on est devant !!! Une dernière piste qui est une route en travaux avec des tranchées de 3 m de profondeur sans aucune signalisation, c'est ça aussi le Maroc... concentration jusqu'au bout, on arrive bientôt à l’hôtel, on va quand même vidanger les moteurs, l'huile est offerte par SEVEN partenaire du raid. (Manu)

-7ème jour

Non moi j'ai assez raconté , maintenant je laisse le reste et l'arrivée pour Manu , mais une chose amis enduristes ou simple pilote de chemin... Venez nous rejoindre l'an prochain , c'est que du bonheur ...

Merci Jean-marie,

Pour l'avant dernière étape, on sort de l’hôtel confiants, un coup de kick est ça démarre, je termine de m'équiper et le moteur cale... et ne démarre plus, la compression est quasi nulle, pourtant on a refait le moteur avant de partir sur le raid. On pousse est ça démarre toujours pas, tout le monde est parti de l’hôtel et là ça sent la fin. Mais c'est pas possible de s’arrêter ici, il faut que ça redémarre absolument. Un autre motard me prend la moto et se fait pousser par son pote en moto aussi et là elle finit par craquer mais tourne bizarrement, on file à la station faire le plein et on prend le départ de l'étape avec beaucoup de retard.

Une étape trialisante dans la montagne, des marches des cailloux, encore des marches et encore des cailloux , je pense sans arrêt à mon moteur, il doit tenir... on passe un col, avec l'altitude ça manque de puissance, une pause à l'auberge mais tout le monde est passé, il reste plus grand chose à manger, on roule avec un gars en KTM 950 éléphant, le pauvre il est épuisé, je le plains...Aller on arrive à Ouarzazate, hôtel dans un studio de ciné, belle soirée au resto. Une bonne nuit et on arrive à Marakech, plus que 200 kms, une balade pense t on...

-8ème et dernière étape : Ouarzazate/Marakech 200km :

Des gros nuages noirs au dessus de nos têtes ce matin là, 20 km de pistes( les derniers...) et 180 km de bitumes. Effectivement la pluie arrive rapidement et les nuages sont bloqués sur l'Atlas que l'on doit traversé. La pluie redouble et on est vite trempé jusqu'aux os. Les oueds commencent à grandir et des torrents de boue traversent les routes, la température baisse de plus en plus, on est tous frigorifiés sur les motos. Jusqu'au moment où on est arrêté par un oued en crue. Et là une moto est dans la rivière cinq mètres en contre bas, le pilote s'est fait emmener par le courant et a du lâcher la moto. On attend un peu et on décide de passer les motos moteur tournant en les maintenant à deux, avec de l'eau glacée jusqu'aux genoux et dans les bottes aussi ..., il fait 3°C et on est trempé, c'est aussi ça le raid. On passe sans encombre, il reste le col à passer à 2200m avec des ravins dont on n'en voit pas le fond, et la haut la pluie s'est transformée en neige...

La superbe vidéo embarquée de nos amis du site OWAKA partenaire du raid de l'amitié :

Le reste de la descente est un enfer, et au détour d'un virage on décide de s’arrêter dans une auberge pour se réchauffer et dégeler les doigts qui ne fonctionnent plus. A peine la force de descendre de la moto, aussi souple que des branches couvertes de glace. Ce qui devait être une balade se transforme en enfer glacial.

Quelques thés à la menthe plus tard et quelques boulettes de viande, on reprend la route jusqu'à Marakech où nous irons tous en cortège déposé une gerbe de fleurs au pied du café où à eu lieu l'attentat quelques jours plus tôt.

Nous avons vécu une aventure extraordinaire qu'il est difficile de faire partager par quelques mots.

Comme l'a dit Jean-Claude Olivier qui roulait avec nous : " Vous pouvez dire, je l'ai fait ".


Vous pouvez retrouver ce récit et toutes les photos sur le site http://flandremotoverte.canalblog.com/